L’atelier monétaire

Un atelier monétaire, ou Hôtel des Monnaies, est un lieu de fabrication de pièces d’or, d’argent ou d’alliage. La présence d'un atelier monétaire à Pont-de-Sorgues est attestée dès le 12ème siècle. L’importance de la route commerçante (l’antique Voie Agrippa) traversant la cité justifie cette installation. Les marchands italiens et provençaux doivent passer par Pont-de-Sorgues pour rejoindre les grandes foires de Champagne. Les commerçants sont taxés lorsqu’ils empruntent le pont à péage qui enjambe la Sorgue (communément appelée l’Ouvèze). Les monnaies étrangères ainsi récoltées sont refondues et frappées en monnaies locales

La technique de fabrication d’une monnaie à cette époque consiste à frapper un petit disque de métal précieux entre deux coins monétaires gravés. L’atelier doit comporter un four alimenté au bois appelé une « fournaise », avec un système de ventilation pour fondre les métaux précieux, dans un bâtiment un peu isolé des habitations de la cité à cause des risques d’incendie.

Depuis la fin de l’Empire Romain, les Rois de France successifs tentent de contrôler la frappe de la monnaie et de l’ériger en droit régalien. Mais ils ne peuvent empêcher les puissants seigneurs féodaux de battre leurs propres monnaies. Ainsi, dans le Comtat Venaissin, Alphonse de Poitiers, les comtes de Toulouse puis les Papes, au titre de comtes de cette province, battent leurs monnaies. Les comtes de Toulouse, parmi les plus riches et puissants féodaux du Royaume de France, frappent en grandes quantités des deniers d’argent appelés « raymondins » au type du soleil et de la lune. 

L’iconographie présente sur ces deniers est originale, elle semble copier des monnaies frappées dans le comté de Tripoli (au Liban), un état fondé par des croisés provençaux situé à plus de trois mille kilomètres de la Provence. L’atelier monétaire cesse son activité après la mort du Comte Raymond VII en 1249.

Quand les Papes entrent en possession du Comtat Venaissin en 1274, ils ne marquent pas d'intérêt particulier pour l'atelier avant Boniface VIII, en 1300, et Clément V.

La Chambre apostolique n'exige pas d'être payée avec les espèces qu'elle fait frapper,  probablement destinées uniquement à la circulation locale. Cela laisse entendre que contrairement à bien des Princes de l'époque, à commencer par le Roi de France, elle ne met pas son honneur à n'utiliser que sa monnaie et que la frappe n'était pas liée à une volonté d'affirmer sa souveraineté. L’atelier monétaire est transféré de Sorgues en Avignon après l'achat de cette dernière par Clément VI en 1348. Il n'est pas possible de préciser le moment où l'atelier de Pont-de-Sorgues fut définitivement fermé.

Source : Xavier Vergereau