Les jardins du palais papal

Une expression du pouvoir

Au 14ème siècle, les jardins constituent un complément obligé du bâti. Ils répondent tout autant à des besoins de représentation qu’à une recherche de confort et d’intimité.

Réalisés de 1322 à 1324, à l’est du palais le long de la rivière, d’une superficie de trois hectares et demi environ (l’équivalent de 7 terrains de football !), les jardins de la résidence pontificale mêlent l’utile à l’agréable. Non seulement ils contribuaient au ravitaillement des cuisines pontificales, mais ils prolongent en outre le bâti par un espace salubre, plaisant et propice à la détente.

Le jardin vu comme un paradis terrestre

Le premier acte de création d’un jardin est l’établissement d’un mur, séparant ce qui reste sauvage, terra incognita, de la nature bienveillante telle qu’elle peut être avant le péché originel.

La comparaison du jardin médiéval avec le Paradis est connue (jardin veut dire paradis en persan) ; le jardin idéal est toujours le lieu où les sens sont comblés, par la saveur des fruits, le chant des oiseaux, les parfums des fleurs, le moelleux de l’herbe, la beauté des couleurs.

Fidèle à cette conception médiévale, les jardins du palais de Pont-de-Sorgues se composent de multiples espaces, fermés par de hautes murailles et reliés entre eux par des passages en ogive. Ces lieux clos peuvent être subdivisés par des clôtures de bois plus légères, servant d’enclos pour la ménagerie qui compte quelques animaux sauvages. En 1344, en plus des paons, cerfs et daims, les jardins ont abrité 1 ours, 47 taureaux et, deux ans plus tard, une lionne, que Benoît XII avait fait venir de Sicile pour garder son palais sorguais. Ces parcs comportent de nombreuses installations hydrauliques : puits, fontaines, mais aussi un grand vivier ­riche en poissons. Les chevaux du palais ont accès jusqu’à la rivière pour aller s’abreuver. Les jardins abritent de la vigne, employée à la confection de treillage, treilles, tonnelles et pavillons, des arbres, le plus souvent fruitiers, et des plantes herbacées (plantes potagères et condimentaires, plantes à fleurs, légumineuses et céréales) occupant chacun une parcelle donnée du jardin. Les Papes ont fait venir et acclimaté l’oranger de Catalogne.