Le séjour de Braque et Picasso

 

Le tramway conduit Pablo Picasso à Sorgues

Picasso adore le tramway et c’est ainsi qu’il arrive à Sorgues avec sa nouvelle compagne, Eva Gouel, en juin 1912. La découverte de cette ville verdoyante au sortir d'Avignon et du marché pittoresque les décide. Ils s’installent dans une villa discrète " Les Clochettes", en face de l’hôtel de ville.

Georges Braque rejoint Picasso à Sorgues fin juillet, avec sa jeune épouse, Marcelle. Le couple s’installe route d’Entraigues, dans une maison d’inspiration japonaise, la villa Bel Air.

L’été 1912 s’annonce prodigieux. Sorgues, ville paisible invite aux joies simples. Picasso et Braque concoctent des recettes de cuisine comme l’ajo blanco, sorte de soupe-dessert provençalisée à base d’ail local, d’amandes et de raisins du crû. Ce mélange a la vertu « de faire rire beaucoup » et de tuer radicalement les mouches.

Création du premier papier collé à Sorgues

Le cubisme qui en est à sa phase analytique montre ses limites. Braque et Picasso ont conscience que leurs peintures s'éloignent trop du modèle, tendent vers l'abstraction et cela leur déplaît. Pour renouer avec le réel, ils introduisent directement dans la peinture des éléments réels ou descriptifs. C’est la naissance du cubisme synthétique.

C’est à Sorgues que sera créé le premier papier collé de l’histoire de l’art. Braque trouve à Avignon un rouleau de papier mural imitant le bois de chêne. Il le découpe et le place dans sa toile, créant de nouveaux espaces, entre l’illusion provoquée par les ombres et les tracés au fusain et la réalité introduite par le papier collé. Picasso peint sur l'un des murs de la villa « Les Clochettes » l'œuvre « Ma jolie ». Après le départ de l’artiste, le marchand d'art Daniel Henri Kahnweiler fera emporter la surface du mur où était peint ce tableau ovale. Séduit par la campagne sorguaise, avec ses cyprès et ses nombreux cours d’eau, Georges Braque reviendra chaque été de 1913 à 1916. C’est là qu’il se réfugiera pour oublier la guerre, sa blessure, sa trépanation et son inquiétude à l’idée de reprendre ses pinceaux.