La ville rend hommage aux déportés du Train fantôme

Actualité du 20/08/2012

Comme elle le fait chaque année, ce samedi, la municipalité de Sorgues a rendu hommage aux 800 déportés du Train Fantôme qui, le 18 août 1944, ont fait escale dans la commune. Dans son discours, le maire et conseiller général Thierry Lagneau devait rappeler l'odyssée de ces 800 innocents qui se sont retrouvés à Sorgues après une marche forcée de 17 kilomètres sous un soleil écrasant.

 

« Nous devons nous souvenir que le 18 août 1944, partis de Roquemaure dans le Gard, ils arrivèrent à la gare de Sorgues exténués et affamés. Ce triste jour, dans un immense élan de générosité et faisant fi du danger, la population sorguaise n'hésita pas à se porter à leurs devants pour leur offrir de l'eau, des victuailles et même des médicaments. Aidés par les cheminots et les membres du maquis Viala, une petite trentaine d'entre eux réussiront à échapper à la vigilance des SS et bénéficieront de la complicité des habitants qui iront jusqu'à les cacher. A cet instant, je veux vous lire le témoignage de Germaine Combe recueilli par l'Amicale des anciens du Train fantôme dont je souligne l'extraordinaire travail de recherches historiques réalisé sur cette tragédie de Notre histoire : «  Avec mon mari, Pierre Combe, nous avons vu, dans la matinée du 18 août 1944, devant le magasin de meubles en bordure de la nationale 7, un sinistre cortège d'hommes et de femmes harassés, hagards, encadrés de soldats allemands ; le fusil en bandoulière, jetant des cris rauques dés qu'un traînard perdait l'allure. Qui étaient ces gens ? D'ou venaient ils ? Où allaient ils ? A cette vision, glacés d'effroi, nous cherchions à comprendre. Mon mari avec prudence, les suivit, les vit prendre l'avenue Gentilly, jusqu'à la gare. Là commençait leur terrible calvaire. » Ce témoignage édifiant rappelle combien cette journée restera à jamais gravée dans les mémoires sorguaises. Au bout de quelques heures, les 800 déportés seront enfermés dans des wagons à bestiaux pour être acheminés vers une destination qui aujourd'hui encore nous donne la chair de poule : Dachau et ses camps de la mort. Nous le savons tous : les conditions inhumaines et immondes du voyage et des camps de concentration coûteront la vie à beaucoup d'entre eux. Les rescapés, eux, conserveront à jamais le souvenir indélébile de l'horreur dans sa définition la plus monstrueuse. Si nous sommes à nouveau présents aujourd'hui, c'est pour ne pas oublier toutes ces femmes et tous ces hommes qui ont incarné l'honneur, la dignité et le courage, face à l'humiliation et la cruauté. C'est aussi pour remercier la population sorguaise qui n'a écouté que sa bravoure et sa générosité pour apporter un peu de réconfort à tous ces déportés victimes de l'histoire de l'humanité. Ce sont ces valeurs que les membres de l'Amicale des déportés résistants du train fantôme portent avec force conviction, abnégation et obstination. Aussi, je souhaite les remercier très sincèrement pour le formidable travail de mémoire qu'ils ont entrepris et qu'ils poursuivent afin que l'on n'oublie jamais ce funeste épisode.» 

 

 

Pour conclure, le maire devait également rendre hommage à Robert Silve qui nous a quittés l'année dernière, lui qui avait consacré des années de sa vie à sortir de l'oubli, l'histoire du train fantôme. Une histoire inscrite dans le marbre de la ville de Sorgues et qui nous rappelle, en ces temps de paix si précieux qu'il est plus que jamais utile de connaître et comprendre le passé pour appréhender l'avenir.

 

       

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